En campagne

En campagne

Pagnoz Edgar Faure

Bel après midi de passé en compagnie de Pierre Tournier, ancien Maire de Pagnoz. Ce géographe et historien est une mine de connaissances et en particulier de l'histoire politique de son canton. Toujours bon pied bon œil, c'est avec humour qu'il m'a narré les "petites histoires" du coin. vraiment un très bon moment !

J'en profite pour vous mettre un extrait du canard sur la loue paru il y a quelque temps déjà, au sujet d'Edgar Faure :

C’est en 1955 qu’il s’installe à Port Lesney. C’était l’année des cantonales et c’est à cette occasion qu’il fit la connaissance des douze communes du canton de Villers-Farlay (Certémery n’était pas encore rattachée à Mouchard) et se lia d’amitié avec la plupart de leurs maires. Face à Edgar Faure, l’adversaire était de taille, c’était le très charismatique Pierre Poujade ou plutôt son parti poujadiste l’Union de Défense des Commerçants et Artisans (UDCA) représenté par deux délégués : l’un était commerçant à Poligny, l’autre agriculteur à Chamblay – lui-même étant inéligible dans le département. « L’espiègle farfadet de la rouspétance quotidienne » comme l’appelait Edgar Faure avait préparé sérieusement ses troupes qui étaient nombreuses, organisées et virulentes.

Un jour où devait avoir lieu une réunion capitale à Port Lesney, Edgar Faure était retenu pour une importante affaire franco-tunisienne : il choisit Valéry Giscard d’Estaing pour le remplacer à Port Lesney. C’est ce jour là que … mais laissons le parler Edgar Faure, sa plume est vive et élégante : « …une petite équipe fauriste alla résolument tenir garnison chez « la Berthe », Mlle Berthe Billet, une célibataire hors d’âge. Propriétaire et exploitante d’une unité de production électrique qui fournissait le courant à EDF, elle demeurait gestionnaire du réseau . « Ne vous occupez pas de nous dirent à « la Berthe » ces visiteurs du soir, nous faisons le nécessaire ». Dès qu’un orateur prenait la parole, ils coupaient le courant, puis le rétablissait au bout de quelques minutes. On répandait le bruit que le temps orageux occasionnait des courts-circuits. Aucun des émissaires de Poujade ne vint d’ailleurs jusqu’au moulin dont ils ne connaissaient pas l’existence. Un joyeux chahut s’installa pour la soirée, interrompu de temps en temps par un début de harangue qui devenait inaudible après le martèlement des premières phrases ».

Comme on le voit, les campagnes électorales se déroulaient bien différemment que celles de maintenant. C’était plus mouvementé, plus « physique ». Chaque candidat sillonnait le territoire entouré d’une armée de supporters. Il y avait des « embuscades » quelquefois restées légendaires. Des affiches étaient collées, recouvertes, décollées. Les colleurs faisaient parfois le coup de poing face aux colleurs d’en face.

L’Edgar, comme on l’appelait familièrement dans le canton, était une figure typique et populaire sachant aborder les gens d’ici d’une façon simple et sans chichis. Les personnes qui l’ont côtoyé à cette époque racontent qu’il lui arrivait de partager ses repas en trois séquences : les hors d’œuvres à un repas de commémoration du 11-novembre, le plat principal à une réunion des maires du canton, le fromage et le dessert ailleurs. Les trois mets accompagnés d’un Ferney-Branca certainement pour en assurer une meilleure digestion !
La tournée des bureaux : Mais revenons à cette campagne. Edgar Faure raconte : « L’après-midi tournait à vide. Je décidai de prendre une voiture et, dans la seule compagnie de Lucie, d’aller jusqu’à l’extrémité du canton d’où je pourrais revenir en faisant la tournée des bureaux de vote. Je marque l’arrêt à Ounans, puis à Chamblay, serrant les mains des maires et des assesseurs, saluant les votants et m’enquérant du pourcentage d’assiduité, qui était honorable. Quand je fis halte à Villers-Farlay, on vint me dire que Pierre Poujade, escorté d’une unité légère, suivait avec un léger décalage le même itinéraire. J’abrégeai ma visite, accélérai jusqu’à la station suivante, Ecleux où je ne fis qu’entrer et sortir. Cette fois j’aperçus à l’autre bout de la ligne droite le peloton des voitures qui fonçait vers nous. Je passai en accélérant le prochain virage et, profitant de ma connaissance du terrain, je me lançai dans la bifurcation de gauche où le département du Doubs m’engloutit ». Les résultats furent brillants : Edgar Faure obtint 1 186 voix et les deux candidats poujadistes 265 et 156.



14/02/2015
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